Sanaa, Yémen – Yann Arthus-Bertrand Photographie
La magie de Sanaa, la capitale yéménite, a longtemps résisté à la curiosité des voyageurs occidentaux. Logée dans une cuvette à 2 350 m d’altitude, elle était en effet très difficile d’accès. Aujourd’hui encore, la vieille ville est un labyrinthe de ruelles d’où s’exhalent des senteurs d’épices, de myrrhe et d’encens dont le Yémen est l’un des principaux producteurs. Au cœur du souk, le minaret blanc de la mosquée Al Khbir contraste avec le brun chaud des 5 000 maisons-tours traditionnelles. Ces hautes constructions de pisé (un mélange de paille, d’eau et d’argile séché au soleil) aux façades décorées de délicates frises de plâtre font de Sanaa une ville spectaculaire. Mais alors qu’elle ne comptait que 80 000 habitants en 1975, elle a dû absorber brutalement un million de Yéménites chassés en 1990 d’Arabie saoudite en raison de l’attitude pro-irakienne du Yémen pendant la guerre du Golfe. Pour faire face à cet afflux de population, certains promoteurs ont bâti à la hâte des immeubles de béton bariolés qui déparent les abords de la ville. Des réglementations strictes interdisent aujourd’hui de nouvelles erreurs urbanistiques ; depuis 1994, la vieille ville est inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco.